Défense du culte extérieur de l´église catholique (Paris, 1686)

© Sammlung PRISARD
© Sammlung PRISARD

David Augustine de Brueys:

Défense du culte extérieur de l´église catholique

Verteidigung des äußerlichen Kultus der katholischen Kirche

 

(dr). Der französische Theologe und Bühnendichter David Augustine de Brueys wird 1640 in Aix in eine protestantische Familie hineingeboren und calvinistisch erzogen. Nach Studien des Rechts und der Theologie amtet er als Kirchenratsmitglied in Montpellier und veröffentlicht 1681 seine Kritik (aus protestantischer Sicht) an der Exposition de la doctrine catholique (Darlegung der katholischen Lehre) von Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704). Daraufhin nimmt Bossuet, ein einflussreicher katholischer Geistlicher, Protestantenbekehrer, Hauslehrer und Prediger am Hof Ludwigs XIV., direkten Kontakt mit Brueys auf. Infolgedessen konvertiert Brueys kurz darauf im Jahre 1682 zum Katholizismus und wird katholischer Priester. Als solcher schreibt er verschiedene Bücher, die auch andere Protestanten zur Konversion bewegen sollen. Am 25.11.1723 stirbt Brueys in Montpellier.

Das hier vorliegende Exemplar Défense du culte extérieur de l´église catholique von Brueys weist eine interessante Provenienz auf: Es stammt aus der Bibliothek von „Château des Ormes“ und somit aus dem Besitz der adligen Familie d´Argenson: Marc-René de Voyer de Paulmy d´Argenson (1652-1721) und sein Sohn René-Louis waren hohe Amtsträger und Minister unter den Königen Ludwig XIV. und Ludwig XV. Darüber hinaus muss das Buch einst auch Nicolas-Joseph de Vaudrey, dem Baron von Saint-Remy und Chevalier des französischen Ordens Saint-Georges, gehört haben.

Buchauszug (Ü: BfHG)

 

“Die derart schnellen und flächendeckenden Bekehrungen, die wir gegenwärtig sehen, zeigen, dass sie [= die Protestanten] inzwischen zur Wiedervereinigung mit der katholischen Kirche gewillt sind… Diese glückliche Rückkehr, über die sich in diesem Augenblick Himmel und Erde erfreuen, muss all unseren Meinungsverschiedenheiten ein Ende setzen. Und wir müssen alle zusammen Gott loben, dass es ihm gefallen hat, die Absichten und den Eifer des Königs zu segnen…, und dass er die Namen des allerchristlichsten Königs… glücklich zur Fülle gebracht hat, indem dieser [= Ludwig XIV.] durch sein heiliges Handeln die Protestanten zurückgeführt und der Familie Jesu Christi in seinem Königreich Frieden gebracht hat.“

Buchauszug

 

[I] AVERTISSEMENT.

 

LES Protestans de ce Royaume sont assez instruits sur les points de la Doctrine: ces conversions si promptes & si générales que l´on vient de voir, marquent assez que leurs esprits estoient disposez de ce costé-là à la reünion, & que tant d´instructions qu´on leur avoit données depuis quelque temps & par écrit & de vive voix, les avoient enfin desabusez de leurs préventions.
Car il n´est pas possible de s´imaginer que les derniers moyens dont on s´est servi pour les obliger à renoncer à leur Schisme, eussent eû tant de succés, si généralement tous les esprits du parti n´avoient esté secretement portez à revenir à l´unité de la Foy Catholique.
Cét heureux retour qui fait présentement la joye des cieux & de la


[II] terre, doit avoir mis fin à toutes nos controverses; & nous ne devons tous ensemble que loûër Dieu de ce qu´il luy a plû de benir les desseins & le zele du ROY, & d´avoir permis qu´aprés avoir rempli le nom de Grand par ses travaux héroïques, & par le calme dont il fait joûïr tout l´Europe, il ait aussi rempli heureusement les noms de Roy Tres-Chrestien & de Fils aisné de l´Eglise, par sa sainte application à ramener les Protestans, & par la paix qu´il vient de donner dans son Royaume à la famille de Jesus-Christ.
Mais comme l´experience nous apprend tous les jours que presque tous ceux qui quittent la Secte de Calvin pour entrer dans l´Eglise Catholique, sont d´abord surpris de rencontrer un extérieur de Religion tout différent de celuy auquel ils sont accoustumez depuis leur enfance: il est juste de leur aider à dissiper les idées qu´ils peuvent avoir prises de ce costé-là.


[III] Il ne faut pas néanmoins s´étonner que tout Catholiques qu´ils sont, ils ayent quelque peine à s´accoustumer à l´extérieur de nostre Service. Quand on passe tout d´un coup de la pratique d´un Service public dans celle d´un autre, quoy-que l´on soit bien persuadé de la bonté du culte dans lequel l´on entre, & des defauts de celuy que l´on abandonne, l´on ne laisse pas de trouver dans ce changement une certaine nouveauté qui fait au commencement quelque peine, sans que l´on sçache bien pourquoy.
Comme c´est sur l´extérieur de la Religion que nous avons pris dés l´enfance nos premieres impressions; ce sont aussi celles que nous abandonnons les dernieres. A l ´égard des dogmes, la raison cede à la force de la vérité, & le cœur se rend à la persuasion intérieure du Saint Esprit; mais la chair & le sang contestent encore sur les choses extérieures qui sont de leur jurisdiction: & de là


[IV] vient qu´il arrive assez souvent que l´ame est déja toute Catholique dans le mesme temps que les yeux sont encore un peu tournez du costé de l´erreur.
J´en ay fait l´expérience: car lors que Dieu me fit la grace de me convertir à la Foy Catholique, je n´avois aucun doute sur les points de la Doctrine; mais les idées que l´on m´avoit fait prendre sur l´extérieur de la Religion n´estoient pas encore entierement effacées. Je sentois bien que les choses-là n´estoient pas absolument essentielles; mais je ne pus de quelque temps me défaire tout-à-fait des fausses impressions que l´on m´avoit données.
Il me sembloit que la grandeur & la majesté que je voyois dans le Service public de la Religion que je venois d´embrasser, ne convenoient point au Christianisme. Les cérémonies & les pratiques de l´Eglise me paroissoient avoir assez de rapport au culte Judaïque: le respect


[V] & la dévotion que l´on y a si justement pour les Temples & pour tous les lieux consacrez au Divin Service, ne me sembloient plus de saison sous l´Evangile. Je m´imaginois de temps en temps qu´il y avoit en tout cela plusieurs choses qui avoient esté tirées ou limitées du Paganisme. J´avois de la peine à comprendre que le Service deust estre fait en une langue non entenduë de la pluspart des Chrestiens. Enfil il me sembloit que l´extérieur de la Religion que je venois de quitter, avoit plus de rapport avec celuy des premiers siecles du Christianisme; & tout ce que j´avois oûï dire sur cela aux Ministres, ou que j´avois leû dans leurs écrits, revenoit sans cesse à mon esprit, & me faisoit quelque peine.
Je ne doutois pas néanmoins que les doutes, & les incertitudes où j´estois sur cela ne vinssent de mes préventions; & j´avois une ferme confiance que Dieu me feroit la


[VI] grace de les surmonter, comme il m´avoit fait celle de m´éclairer sur les dogmes de la Foy.
C´est ce qui m´obligea de m´appliquer à m´instruire sur ces matieres; & je n´ay pas esté trompé dans mon esperance. Je suis revenu de tous mes préjugez; j´ai reconnu qu´ils estoient fondez sur de faux principes: & l´on verra dans cét Ouvrage la route que j´ay tenuë pour sortir de toutes mes préventions, ou plûtost le chemin par lequel il a plû Dieu de me conduire, pour me mettre entierement hors du labirinthe dans lequel le malheur de ma naissance m´avoit engagé.
Comme je ne doute point que la pluspart des nouveaux Convertis ne soient de ce costé-là dans les mesmes doutes où j´ay esté; & que je sçay d´ailleurs qu´il y a plusieurs Protestans qui sont plus attachez à leur religion par son extérieur que par sa créance, à cause que le


[VII] plus grand nombre n´est pas bien capable de comprendre les différends que l´on a sur les points de la doctrine, au lieu que tous s´imaginent de pouvoir juger sainement de l´extérieur de la Religion: j´ay cru que pour les desabuser à cét égard, je devois leur faire part de ce qui m´a servi à me desabuser moy-mesme; & quelque imparfait que puisse estre cét Ouvrage, je me suis pressé de le donner au public, estant bien certain que le sujet que j´y traite, ne sçauroit estre plus propre, ni plus convenable à la circonstance du temps.
Car puisque l´on voit aujourd´huy que toutes les portes de l´Eglise sont ouvertes à ceux qui viennent en foule de tous costez se remettre dans son sein; & que la moisson est si grande, que tous les Ouvriers Evangeliques sont employez à la recueïllir; qu´y a-t-il de plus juste que de leur applanir toutes les difficultez qu´ils peuvent trou-


[VIII] ver sur leur chemin, ou à leur arrivée? qu´y a-t-il plus à propos que d´instruire tant de nouveaux venus de nos cérémonies, de nos pratiques, & de nos coustumes, afin que ne trouvant plus rien qui les embarasse, nous puissions tous ensemble de concert servir Dieu comme il est convenable, & avec l´ordre & la bienseance qui doit etre gardée dans sa sainte Maison?
J´ay divisé cét Ouvrage en deux Parties: dans la premiere, je répons à toutes les Objections que les Ministres ont accoustumé de faire contre l´extérieur de nostre Service public & contre nos pratiques; & dans la seconde, je montre les defauts qu´il y a dans l´extérieur de la Religion Prétenduë Reformée.
Les Docteurs Catholiques qui ont écrit sur les Cérémonies de l´Eglise, ne se sont pas appliquez à répondre aux difficultez que les Auteurs Calvinistes ont faites, & qui font le plus d´impression sur les es-


[IX] prits des Protestans; à cause que ces Docteurs n´ayant pas esté élevez dans la Religion Prétenduë Réformée, ils ne peuvent pas sçavoir sur quoy il est principalement nécessaire de les desabuser.
Ils n´ont pas aussi remarqué les defauts qu´il y a dans l´extérieur de cette Religion, parce que ces defauts ne sont bien sensibles qu´à ceux qui les quittent, & qui viennent à gouster un meilleur culte: estant tres-certain que ceux qui ont passé tout leur vie dans une seule Communion, n´ont jamais bien senti cette différence de Service public. C´est pour cela que je me suis uniquement attaché à ces deux choses.
Je ne traite icy principalement que des questions de fait, dans lesquelles toutes les subtilitez sont inutiles; & je n´avance rien qui ne soit fondé sur des principes que l´on sera obligé d´avoûer, à moins qu´on ne veuïlle rejetter l´autorité formelle


[X] de l´Ecriture, & la pratique constante & perpetuelle de l´Eglise.
J´espere donc que ceux qui voudront éxaminer cét Ouvrage sans passion, seront convaincus par l´Ecriture Sainte, par le témoignage de l´Eglise de tous les siecles, & par la droite raison, qu´il n´y a rien dans nostre culte ni dans nos pratiques, qui ne soir pur, saint, legitime, & conforme au Christianisme; & qu´il y a au contraire dans l´extérieur de la Religion Prétenduë Réformée plusieurs defauts tres-considérables.

Je sois ici avertir le Lecteur, que lors que je composois ce Traité, la Religion Protestante subsistoit encore dans ce Royaume; & que ce retour presque général que l´on vient de voir, n´estoit pas encore arrivé.
Ainsi il trouvera que j´y parle par tout de cette Religion comme si elle subsistoit encore, & de ses Sectateurs comme si la pluspart estoient encore à convertir. L´impression mes-


[XI] me de cét écrit estoit déja fort avancée; & il ne m´a pas esté possible de changer de langage, ainsi que j´aurois deû le faire. Mais ce qui estoit destiné pour servir à leur conversion, sera beaucoup plus utilement employé à les instruire présentement qu´ils sont convertis, s´il plaist au Seigneur de répandre sa bénédiction sur mon ouvrage, & de toucher le cœur de ceux qui voudront bien prendre la peine de le lire.